Cabinet Astrologie & Astronomie

Astéroïdes Troyens

Concept artistique des Astéroïdes Troyens

Les troyens sont les points L4 et L5 (en Cyan)
sur l'orbite d'un objet secondaire (en Jaune)
autour d'un objet primaire (en Bleu)

Vue polaire de troyens dans le Système solaire (jusqu’à l’orbite de Jupiter)

Un troyen est un astéroïde dont l'orbite héliocentrique est en résonance de moyen mouvement 1:1 avec celle de la planète Jupiter, et qui est situé près de l'un des 2 points stables de Lagrange (L4 ou L5) du couple Soleil-Jupiter, c'est-à-dire qui se trouve à 60° (en avance ou en retard) sur l'orbite de celle-ci.

La sonde Lucy a décollé (16 octobre 2021 à 9 h 34 UTC de Cap Canaveral) pour en faire l'étude.

Par extension, on appelle aussi troyen un objet dont l'orbite héliocentrique est en résonance de moyen mouvement 1:1 avec celle de n'importe quelle planète du Système solaire, et qui est situé près de l'un des 2 points stables de Lagrange (L4 ou L5) du couple Soleil-planète.

Par extension encore, on appelle troyen un astéroïde ou un satellite naturel qui partage la même orbite qu'une planète ou un autre satellite plus massif, mais qui n'entre pas en collision avec cette planète ou ce satellite en raison de sa position près de l'un des 2 points stables de Lagrange (L4 ou L5).

Au 2 avril 2024, le Centre des planètes mineures recense :

  • 11 596 troyens
  • 13 280 troyens de Jupiter (8 473 en L4 et 4 807 en L5)
  • 31 troyens de Neptune (27 en L4 et 4 en L5)
  • 16 troyens de Mars (14 en L5 et 2 en L4)
  • 1 troyen d'Uranus (en L4)
  • 2 troyens de la Terre (en L4)

Par ailleurs, Vénus aurait 1 troyen (en L4) et les 2 plus gros astéroïdes de la ceinture principale :

    • (1) Cérès
    • (4) Vesta

Ces gros astéroïdes pourraient aussi avoir des troyens sur leur orbite.

Uranus aurait aussi au moins un 2e troyen (en L4).

Autour des planètes, 2 des satellites naturels de Saturne ont leurs propres troyens, qui sont par conséquent eux-mêmes satellites de Saturne.

Les 2 troyens de Téthys sont Télesto et Calypso.

Ceux de Dioné sont : Hélène et Pollux.

Le système Terre-Lune, a pour sa part des nuages de poussières à ses points L4 et L5 (les nuages de Kordylewski).

Terminologie

Les troyens doivent leur nom à la convention de nommage en vertu de laquelle les troyens de Jupiter sont nommés d'après des héros de la guerre de Troie.

Johann Palisa est à l'origine de cette convention, c'est sur la proposition de l'astronome autrichien que (le 21 juin 1907), Max Wolf et August Kopff décident de nommer 1906 TG - 1906 VY - 1907 XM, les 3 premiers troyens de Jupiter à avoir été caractérisés comme tels, d'après Achille - Patrocle - Hector.

Localisés à proximité d'un point de Lagrange (L4 ou L5), les troyens sont aussi connus comme objets de Lagrange (en anglais : Lagrange object) ou objets lagrangiens (lagrangian object), bien que ces noms soient plus rares, en particulier en français.

Histoire

L'existence des troyens a été prédite par Joseph-Louis Lagrange dans son Essai sur le problème des 3 corps (qui lui valut le prix de l'Académie royale des sciences de Paris en 1772).

(588) Achille (un troyen de Jupiter) découvert par l'astronome allemand Max Wolf le 22 février 1906, est le 1er objet à avoir été caractérisé comme un troyen. Quelques semaines après sa découverte, l'astronome suédois Carl V. L. Charlier met en évidence qu'il est en orbite autour du point de Lagrange L4 du couple Soleil-Jupiter.

(12126) 1999 RM11 (un 2e troyen de Jupiter) découvert par le LINEAR le 7 septembre 1999, est considéré comme le 1er troyen à avoir été observé. Le 26 septembre 1999, l'astronome américain Gareth V. Williams l'a identifié à A904 RD prédécouvert par l'astronome américain Edward E. Barnard le 13 septembre 1904.

Troyens dans le Système solaire

Troyens des planètes

Potentiellement, les points de Lagrange L4 et L5 de chacune des planètes du Système solaire pourraient contenir des astéroïdes.

Concrètement, aucun n'a été détecté pour Mercure, sans doute en raison de l'instabilité de ses points de Lagrange, perturbés par la proximité de la masse solaire.

Aucun n'a non plus été observé pour Saturne, probablement à cause de la proximité de Jupiter.

Au 10 janvier 2024, le Centre des planètes mineures recense 13 053 troyens, dont le détail est donné dans le tableau ci-dessous :

Nombre de troyens connus par planète du Système solaire au 12 juin 2022

Troyens de Vénus

Un astéroïde troyen de Vénus est connu : 2013 ND15, situé au point de Lagrange L4 du système Soleil-Vénus.

Troyens de la Terre

Le projet Wide-Field Infrared Survey Explorer de la NASA a découvert en avril 2011 le 1er troyen de la Terre, il est nommé : 2010 TK7, et situé sur le point L4. Sa trajectoire particulière a rendu son observation difficile, qui a été ensuite confirmée par l'Observatoire Canada-France-Hawaï.

Fin janvier 2021, il est montré que l'astéroïde (614689) 2020 XL5, découvert en décembre 2020, est également troyen de la Terre, ce qui en fait le 2e objet connu de ce genre. Comme 2010 TK7, il est situé autour de L4.

Troyens de Mars

9 astéroïdes troyens de Mars sont connus.

  • 1 situé au point de Lagrange L4 du système Soleil-Mars.
  • 8 situés au point L5.

7 de ces 8 astéroïdes appartiennent à la famille d'Eurêka.

Troyens de Jupiter

7311 astéroïdes troyens de Jupiter sont connus :

  • 4 727 en L4
  • 2 584 en L5

Jupiter (la planète la plus massive du Système solaire), est ainsi aussi celle qui possède (de loin), le plus grand nombre d'astéroïdes troyens connus (il est probable que Neptune en possède encore plus, mais que la plupart nous soient encore inconnus). Les troyens de Jupiter sont d'ailleurs les 1er astéroïdes troyens à avoir été découverts. Lorsqu'il n'y a aucune ambiguïté, on parle d'ailleurs simplement d'astéroïde troyen (sans mentionner le nom de Jupiter) pour désigner ceux de cette planète.

Troyens de Saturne

Aucun astéroïde troyen de Saturne n'est connu à ce jour (janvier 2020). Cette situation est probablement due à la proximité de Jupiter.

Troyens d'Uranus

Un astéroïde troyen d'Uranus est connu :

  • 2011 QF99, situé au point de Lagrange L4 du système Soleil-Uranus

2014 YX49 serait aussi un troyen d'Uranus.

Troyens de Neptune

Au 16 février 2021, 28 astéroïdes troyens de Neptune sont connus :

  • 24 situés au point L4 du système Soleil-Neptune
  • 4 au point L5

La population des troyens de Neptune est vraisemblablement bien plus grande que celle de Jupiter, mais la majeure partie en est encore inconnue.

Troyens de satellites naturels de Saturne

2 des satellites naturels de Saturne ont leurs propres troyens, qui sont par conséquent eux-mêmes des satellites de Saturne. Les 2 troyens de Téthys sont :

  • Télesto
  • Calypso

Ceux de Dioné sont :

  • Hélène
  • Pollux

Troyens du système Terre-Lune

Le système Terre-Lune a pour sa part des nuages de poussières à ses points L4 et L5 (ce sont les nuages de Kordylewski).

Troyens de planètes mineures

Des astéroïdes de la ceinture d'astéroïdes sont susceptibles de coorbiter avec (1) Cérès. Parmi les troyens potentiels de la planète naine, figurent notamment :

  • (65313) 2002 JB80 au voisinage du point L5 du couple Soleil-Cérès
  • (129109) 2004 XF32 au voisinage du point L5 du couple Soleil-Cérès
  • (81522) 2000 HW7 au voisinage du point L4 du couple Soleil-Cérès
  • (185105) 2006 SV23 au voisinage du point L4 du couple Soleil-Cérès

D'autres astéroïdes de la ceinture principale sont susceptibles de coorbiter avec (4) Vesta.

Parmi les troyens potentiels du petit corps, figure notamment :

  • (156810) 2003 BP49, au voisinage du point L5 du couple Soleil-Vesta

Troyens extrasolaires

De la même façon qu'il en existe dans le Système solaire, il est très probable qu'il existe des troyens dans d'autres systèmes planétaires, on parle alors de troyens extrasolaires aussi nommés exo(-)troyens sur le modèle d'exoplanète).

En 2007, Eric B. Ford et Matthew J. Holman examinent dans un article la sensibilité de l'observation de la variation du moment du transit de planètes extrasolaires pour détecter des compagnons troyens à ces objets.

Ils démontrent ainsi que cette méthode permet de détecter des troyens de masse terrestre avec les observatoires au sol actuels.

Début août 2015, Michael Hippke publie un article concernant sa tentative de détection de tels troyens extrasolaires, dans laquelle il détermine que l'aire moyenne des troyens en transit par planète correspond à un corps de rayon inférieur à 460 km (limite à 2 sigma).

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